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 barbour paris Alger la grande rousse Humanite

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PostPosted: Tue 8:55, 17 Sep 2013    Post subject: barbour paris Alger la grande rousse Humanite

Un ami en Algérie. Dix jours d'Annaba à Alger. (II)
AEROPORT d'Alger, la nuit. Je porte discrètement en signe de reconnaissance le livre de Kateb Yacine: "Nedjma". "Se taire ou dire l'indicible" assure dans ce vaste poème l'écrivain qui mourut seul en France, rejeté d'ici... A peine si je distingue, à la lueur des phares, le givre mauve des bougainvilliers. Ahmed, mon correspondant, me conduit tout de suite chez lui. Ici, on ne tra?ne pas, dès le crépuscule. Ici aussi, les portes sont blindées.
Au matin, un petit déjeuner fin m'attend sur un plateau d'argent: jus, g?teaux miellés, fruits... Je découvre la cité. Une lumière rouillée pleut déjà à flots sur les b?timents ocre et marron et sur la terre Sienne. Parmi une trentaine de milliers d'habitants, peu se montrent. Il y a eu des attentats, bien s?r. Là, devant [url=http://www.thehygienerevolution.com/barbour.php]barbour paris[/url] la boucherie, une femme égorgée. Ici, devant la librairie, une journaliste. Là-bas, un homme. Là-bas encore...
Des jeunes jouent au billard déplié sur la terre. Un fleuriste vient de s'installer. Un champ de chardons en fleurs s'étend, phosphorescent. "Vous ne trouverez pas la poésie ici! me dit la femme d'Ahmed. C'est seulement la survie!" Je lui fais remarquer les chardons. "Mais non, ?a pique!" s'écrie-t-elle. "Et il n'y a même plus de [url=http://www.sandvikfw.net/shopuk.php]hollister outlet sale[/url] baudet pour les manger!" renchérit son mari.
Aucun équipement, sinon quelques baraques de commerces édifiées par l'ancienne municipalité FIS. Le souk se tient à même le terrain vague. Fripes de Tunisie multicolores, fruits et légumes bigarrés, épices en vrac rouges, jaunes, vertes. Sur le trottoir, les petits marchands de pain revendent des baguettes au détail.
Nous traversons le marché d'un pas vif, très vif, même. Mais où est la nonchalance méditerranéenne? La peur reste imprégnée dans les esprits et les lieux. Je ne me sens pas point de mire mais, ici, la cité vous observe toujours. On me recommande de ne pas ouvrir ni répondre au téléphone, ni me montrer seul. Je serai le cousin kabyle né en France et qui ne parle que trois mots!
Devant la cité est tendu un décor, vaste chantier touffu de maisons en briques. Ce qui était terrains agricoles en propriété collective a été attribué illégalement et par copinage en lots réévalués dans une spéculation folle. Et l'ancienne Alger-la-Blanche s'étend ainsi, immense chantier toujours inachevé, de style plut?t sud-américain, briques nues sur fond de terre, Alger-la-Rousse. La baie s'incurve toujours lascivement sous le ciel noir mais sa taille de vierge prend maintenant des airs de catin roussie.
La visite d'Alger sent la mélancolie. J'ai pris soin de revêtir un ensemble en jean pour mieux jouer mon r?le d'émigré kabyle. Au centre commercial chic de Riad-el-Feth, fliqué à chaque recoin, passent des groupes de jeunes en goguette. La casbah recèle peu de petits commerces, étals d'outils dépareillés vers l'ancienne synagogue, vendeurs de tabac à priser vers la grande mosquée. Bab-el-Oued, aux arcades et aux fa?ades délavées, où l'on ne se douterait pas que la traque des terroristes se poursuit dans les égouts. La grande poste, d'où je découvre le géant portique d'acier barrant la rue Didouche-Mourad (ex-Michelet), incroyable vestige des travaux du métro arrêtés en l'état "faute de capitaux". Le Parc des expositions, ruine de la splendeur socialiste de l'Algérie, pavillons vides ou rachetés par des sociétés [url=http://www.mansmanifesto.fr]doudoune moncler[/url] internationales, allées et espaces déserts, battus par les vents.
Partout suinte la mémoire des attentats. Les ruines de l'H?tel d'Angleterre, le mur de la Maison de la presse, le forum de Riad-el-Feth... Là, mon accompagnateur se souvient d'une grande manifestation de femmes. Les femmes, joyaux en évidence inattendue de cette visite! Quelques-unes, rares, filent voilées. D'autres arborent le "hidjab". Plus nombreuses sont celles qui s'affichent, souvent brillantes, maquillées fortement et avec go?t, vêtues sans montrer de peau mais en suggérant tellement par les tissus collants. "Tout est dessiné!" commente la femme de mon accompagnateur. Quel téméraire pied de nez à l'intégrisme! Quelle soupape à la frustration des filles! Mais aussi, quel supplice de tantale pour les hommes...
J'ai offert à Ahmed un numéro d'"Aube Magazine" (Paroles d'Aube) où j'ai publié une lettre adressée à la veuve d'Abderrahmane Chergou après l'assassinat de celui-ci. Il me propose de nous rendre sur sa tombe avec des fleurs. Le cimetière est coquet, allées propres, ifs, géraniums, petite tombe surélevée. Abderrahmane aurait été tué par des jeunes de sa cité. Autrefois, il avait été arrêté et torturé par le pouvoir de l'Algérie indépendante. Mon h?te m'offre un livre de lui, [url=http://www.1855sacramento.com/peuterey.php]peuterey[/url] tiré de sa propre bibliothèque: "Demain reste toujours à faire". Le héros y rêve, dans le maquis, au futur où des couples se promèneront main dans la main à Alger libérée. Qui a tué Abderrahmane et son rêve?
"Vous perdriez votre temps à chercher qui tue qui!" me dit un jeune prof de fac réfugié avec les siens dans l'appartement d'un ami pour fuir [url=http://www.jordanpascherofficiel.com]air jordan pas cher[/url] un secteur "chaud" près de Ra?s. "Les victimes sont connues, c'est nous. Nous étions peu, il est vrai, à l'enterrement d'Abderrahmane, parce que les gens ont la trouille et le pouvoir s'abstient. Les assassins revendiquent. Ils se montrent. Ce sont les intégristes qui appliquent strictement le Coran."
Lui, porte lunettes d'écaille sur une étroite figure émaciée. Elle, la coiffure mi-courte ondulée et le maquillage léger sur un visage rond. Ce couple d'enseignants a vécu l'état de guerre où officiaient les jeunes locaux embrigadés dans le "djihad" (guerre sainte). Il a subi les menaces, la terreur nocturne, dormant le jour pour veiller la nuit. Elle conte les appels de sifflets, les bombes, la tête d'un élève pendue à un arbre... L'homme, la voix rocailleuse, accuse le pouvoir de les avoir laissés seuls face aux "terros". L'armée se bornait à se protéger.
Et les voisins ne sortaient pas, par l?cheté et conviction que les victimes méritaient leur sort! Il raconte en riant qu'un copain avait toujours une bouteille d'essence en cas d'attaque des terroristes pour foutre le feu au b?timent afin d'obliger à sortir les salauds! "Au bout du compte, les militants démocrates sont assassinés, émigrés ou cassés." Ce couple, qui vit de peu derrière une porte blindée et un cache de toile au balcon, nous convie à un délicat repas algérois composé de petits plats d'abats et légumes parfumés et épicés. J'aper?ois la mosquée du quartier, sur le modèle standard, carré en terrasse, bordé d'arcades et surmonté de minarets. Les dimensions sont colossales. "C'est, m'explique mon guide, que cela sert à tout: prière, bien s?r, mais encore école et réunions. Cela servait aussi de dép?t d'armes et de lieu d'entra?nement aux arts martiaux!"
"N'allez pas là-bas! écrivait voilà longtemps [url=http://www.thehygienerevolution.com/barbour.php]barbour[/url] Camus dans "Petit Guide pour des villes sans passé". Il voyait trop ce qu'on attend de ce pays qu'il a tant aimé et qu'on n'en obtiendra pas. Maintenant, je ne trouve pas ici tant le terrorisme que la fin d'un siècle. Situation ubuesque des jeunes femmes demandant des savonnettes Dove vues à la télé, alors qu'elles manquent d'eau, des médecins chauffeurs de taxi, des barrages militaires qui n'arrêtent personne... Personne, de ceux que je rencontre du moins, ne croit plus en le régime.
Une commer?ante a perdu un homme de sa famille avec son petit gar?on dans un attentat à la bombe. Ronde, jupe plissée bleu marine, escarpins à talons aiguilles, elle me re?oit avec affabilité dans son arrière-boutique. Sa fille ne veut pas travailler à l'école. Elle envisage d'épouser un milliardaire! De deux parents, l'ingénieur souffre de gêne alors que celui qui fait du "trabendo" (marché noir) affiche l'opulence. On parle d'une future réforme de l'enseignement. Mais, dit-elle, "moi, je n'attends plus rien!". Plus précisément, elle pense aux écoles privées qui doivent s'ouvrir.
Amar, un autre ancien élève, m'accueille devant une magnifique limousine, une Mazda modèle "présidentiel". La limousine cahote gravement dans les ornières d'un vaste chantier. Passages défoncés, b?timents interrompus, murs fortifiés, je pense à Beyrouth. Il annonce fièrement: "On a de l'eau H 24 (tout le temps)." J'en profite pour prendre une bonne douche.
Je me souviens de sa fille, entrevue lors d'un voyage, presque bébé aux yeux flambants. Le [url=http://www.vivid-host.com/barbour.htm]www.vivid-host.com/barbour.htm[/url] lendemain, elle prend le petit déjeuner à l'écart, femme brune au regard fuyant. Au lycée, elle ne s'intéresse pas. Entre l'arabe classique, l'arabe dialectal, le kabyle et le fran?ais, où est-elle? Entre les héro?nes de la télévision et la femme enclose de l'intégrisme, vers où peut-elle fuir? Elle voudrait continuer en anglais, ou en espagnol...
Pensif, mon h?te prend cet air d'élève studieux qu'il montrait déjà il y a une trentaine d'années. "Il faudrait construire une deuxième Algérie pour les jeunes. Nous vivons dans une cocotte-minute prête à exploser. 70% du pays a moins de trente ans. Personne n'a le courage de faire une "fatwa" (décret religieux) pour limiter les naissances." Je revois la bourdonnante nuée, essaim noir dans les rues blanches, qui m'a submergé à la sortie d'un grand lycée du centre.
Le père parle beaucoup de son gar?on qui sort [url=http://www.americatownmovie.com]air jordan pas cher[/url] s'amuser dans certains lieux avec d'autres jeunes malgré la situation. Pilote au loin, après des études outre-Atlantique, le fils ne viendra pas s'enfermer dans cette maison paternelle qui comporte pourtant téléphone dans chaque pièce, plus un portable, la télécopie et deux paraboles... J'entends qu'il appelle sa mère chaque soir. Je ne le verrai pas.
J'écoute Amar, installé dans un fauteuil de cuir havane, complet chic, moustache taillée. Il déroule des propos mesurés. Enfance de berger dans la montagne ascétique, alphabétisation par un soldat fran?ais, mon plus excellent élève sur les bancs de l'ancien lycée a fait des études supérieures brillantes. Il foule un tapis douillet et me semble patauger dans un marais. "L'Algérie est le pays des coups d'Etat. Les citoyens sont en manque de légitimité. Les Algériens ne savent plus qui ils sont. J'ai confiance quand même en l'avenir, à cause des hommes." Je me souviens d'Ahmed me disant, en me montrant dans la rue les jeunes dévoilées: "On ne pourra jamais faire de nous un Iran!" Malgré les terribles menaces, ils emmenaient les enfants à l'école, ils allaient travailler. Et les femmes sortent, [url=http://www.achbanker.com/home.php]hollister[/url] chevelure au vent de la mer.
La femme d'Ahmed nous a préparé des légumes farcis à la viande aromatisée. Sa maison aux sols de marbre blanc est barricadée par des portes fortes et des barreaudages à toutes les fenêtres. Il me montre la cage aux perruches. Cela co?te cher. "Pourquoi, fait mon ancien élève, les Algériens élèvent-ils des oiseaux?" Je me souviens des vendeurs d'oiseaux dans une rue de la casbah. Et il donne sa réponse: "Parce qu'ils vivent eux-mêmes en cage!"
De retour chez Ahmed, je trouve les cinq ou six organes de presse [url=http://www.vivid-host.com/barbour.htm]barbour uk[/url] qu'il est descendu acheter parmi la dizaine de journaux qui informent assez indépendamment en apparence malgré les assassinats de journalistes passés. Je me souviens de la Maison de la presse protégée derrière un haut mur blanc surmonté de barbelés... Les femmes violées font les unes. La télévision algérienne vient, pour la première fois, de faire parler ces victimes du terrorisme. Commotion! Jusque-là, c'était la loi du silence. On dit que la pression internationale, les émissions d'Arte et les articles dans la presse européenne ont pesé.
Toutes jeunettes, elles ont confié devant la caméra comment ces dits "musulmans" les avaient violentées à plusieurs et dans des conditions dégradantes. Violence du viol. Il faut ajouter que la virginité perdue est ici perte irréparable pour une jeune fille. De plus, médecins et psychologues expliquent que ces femmes, parfois rejetées par leurs familles, sont poursuivies par une culpabilité. Sans compter que certaines sont enceintes. Atroce addition! Les religieux réfléchiraient à la possibilité d'une "fatwa" autorisant l'avortement dans ce cas. La réflexion, cela prend du temps...
Une dernière commotion m'attend. J'obtiens le numéro [url=http://www.1855sacramento.com/woolrich.php]woolrich bologna[/url] d'une ancienne élève. Djamila m'invite avec joie. Une fillette me suit dans l'escalier, moi et mon bouquet de fleurs. Pour une fois, je ne passe pas inaper?u. Au bon milieu de la quarantaine, visage long marqué par le temps et les peines, Djamila garde le charme de la jeune fille intelligente et sensible. Nous commen?ons à parler seuls, figés dans son salon sombre. J'évite de la questionner sur elle-même.
Les gens vont-ils pouvoir bien vivre? Comment acquérir cette multitude de logements en construction? "Il y a de l'argent en Algérie! Et, tant que les familles sont groupées, elles peuvent vivre à la traditionnelle sur deux ou trois salaires. Mais cela devient impossible de vivre indépendants. Les prix flambent." S'il fallait que Djamila loue son appartement, cela lui co?terait son traitement tout entier.
Elle parle beaucoup. Il y a tant à dire! Et puis, avoue-t-elle, l'émotion... Elle a passé deux nuits sans dormir après l'émission sur les femmes violées. Elle, qui se montrait en classe partisane de la liberté féminine, me confie qu'il y a plusieurs Algérie. Bien des femmes sont aujourd'hui contre l'abrogation du Code de la famille. "Pourquoi vouloir une situation identique à celle des Européennes?" disent-elles.
Entrent deux hommes m?rs, l'un à l'accent très rocailleux, l'autre aux yeux inquisiteurs. Professeur d'université et mère de famille, Djamila est veuve et, à ce dernier titre, je suppose, tenue d'être flanquée d'un beau-frère et d'un collègue! Elle allume. Mon bouquet de fleurs donne à ce salon triste un coup de printemps.
"Et, reprend-elle en souriant, il y a plusieurs Algériennes. On peut surprendre de dr?les de spectacles dans certains jardins publics... La "charia" (code religieux) interdit que la justice soit rendue par des femmes et pourtant, cette année, seules des filles sont re?ues au concours de la [url=http://www.americatownmovie.com]jordan pas cher[/url] magistrature. Il y a beaucoup de filles dans les amphithé?tres de l'université, parfois plus que d'hommes! La situation de ces intellectuelles est parfois difficile. A c?té de moi, beaucoup de profs femmes sont célibataires à quarante ans, sans vie affective et sexuelle."
Djamila fait preuve de tendresse, m'offrant des beignets fourrés livrés chauds pour ma venue, et du vin, béni des dieux tant il m'a manqué! Mais, encore plus pesamment que derrière les grilles des autres appartements, je me sens écrasé dans ce salon veillé par des chaperons.
Retour de nuit, Amar et moi. A chaque barrage, il doit couper les phares et allumer le plafonnier pour que les soldats nous dévisagent. Une brise froide s'est levée. Cela pue les égouts. La poussière pique aux yeux et au nez. les militaires ont l'air patibulaire. Dans la ville, tout est sombre et clos. Les aboiements des chiens déchirent le ciel mauve. Les ornières du chemin secouent mes reins douloureux. J'ai la nausée. J'ai un peu trop pris de vin dont je m'étais déshabitué. J'ai h?te d'être à demain matin pour m'envoler vers la France.
Mais je rentre la tête et le céur archipleins. Entre autres souvenirs, celui récent, de Djamila qui me disait: "Non, je n'en ai pas marre de l'Algérie. J'y suis bien malgré tout. Des amis de Paris me demandent comment je fais. Il doit être difficile d'être algérienne maintenant, comme d'être allemand après la Shoah! disent-ils. Mais non. Moi, je me sens plut?t bien d'être algérienne. Sauf que je suis du c?té des victimes."
Djamila, tu veux être aussi du c?té de ceux, de celles qui vont essayer de refaire un bonheur. Avec l'amitié retrouvée chez vous, je veux espérer. Et t?cher de partager.
Francis Pornon.
Ecrivain.
Principaux titres publiés:.
"le Voyage de Majorque" (Pierre-Jean Oswald, 1969).
"les Contes du loup qui pète..." (Aymar, 1980).
"Couthon le mal aimé" (Messidor, 1989).
"Blanche la rouge" (Messidor, 1991).
Derniers livres disponibles:.
"Un homme seul" (Paroles d'Aube, 1995).
"le Beau Frank" (Le Temps des cerises, 1997).


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