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Claude Aufort. Un séisme d’une intensité rarement atteinte dans l’histoire de l’humanité, un tsunami d’une ampleur colossale et maintenant la perspective d’un accident nucléaire majeur. Le classement de l’accident au niveau6 laisse augurer le pire. Nous n’en sommes pas encore à Tchernobyl mais on s’en rapproche. Le Japon traverse une catastrophe sans précédent, qui appelle tout d’abord à la retenue dans les commentaires qui peuvent être faits et à la solidarité de tous [link widoczny dla zalogowanych] les peuples. Cela dit, il faudra, à l’avenir, tirer les le?ons de cette situation. Si les réacteurs ont semble-t-il bien résisté au tremblement de terre, ils ont été sérieusement endommagés par le tsunami. Ce risque, pourtant bien connu des Japonais, a-t-il été sous-estimé ? [link widoczny dla zalogowanych] Pour quelles raisons ? Le choix de construire les centrales sur la c?te est était-il judicieux au regard des risques sismiques ? La gestion de la crise devra être aussi examinée. Elle fait d’ailleurs l’objet de critiques, semble-t-il, [link widoczny dla zalogowanych] de la population japonaise elle-même qui dénonce, entre autres, le manque de transparence et se demande si les autorités du pays et les industriels du nucléaire ne lui ont pas camouflé certaines choses.

Entretien réalisé par ?Pierre-Henri Lab
Cet accident nucléaire ne démontre-t-il pas que la technologie nucléaire n’est pas ma?trisable ?
Claude Aufort. Du point de vue énergétique, le risque [link widoczny dla zalogowanych] le plus important est celui de la pénurie. D’ici à la fin du siècle, la population va cro?tre de 3milliards d’individus. La résorption des inégalités [link widoczny dla zalogowanych] à l’échelle de la planète ou de problèmes comme l’accès à l’eau potable va considérablement accro?tre les besoins en énergie. La fin du pétrole bon marché, le réchauffement climatique nous oblige à une transition énergétique sans précédent. Pour faire face à ces multiples enjeux, nous avons besoin de toutes les énergies. Le nucléaire est une des énergies les plus concentrées. Une tonne d’uranium produit 500 000fois plus d’énergie qu’une tonne de pétrole. Cet un avantage considérable en matière de co?t. C’est une énergie qui est stockable, donc qui nous met à l’abri des aléas du marché.?Les partisans de l’abandon de la filière nucléaire affirment que l’amélioration de l’efficacité énergétique et les énergies [link widoczny dla zalogowanych] renouvelables permettraient de se passer de l’atome. Ce n’est pas possible. Les lois de la physique sont telles que la réduction des pertes énergétiques a des limites. Quant aux énergies renouvelables, elles sont indispensables mais trop diffuses.
Quelles appréciations portez-vous sur la situation au Japon ?
Ingénieur et ancien administrateur du Commissariat à l’énergie atomique, Claude Aufort est membre du PCF. Il estime que la ma?trise du nucléaire passe par une appropriation sociale de cette industrie.
Claude Aufort. Toutes les industries et les activités humaines de la c?te est ont été touchées par cette catastrophe naturelle. Bien évidemment, le nucléaire a ceci de différent que son potentiel de destruction est sans commune mesure avec d’autres. Cela doit, je crois, nous interroger sur la manière dont cette technologie et [link widoczny dla zalogowanych] cette industrie sont gérées. Le modèle d’entreprise que nous connaissons n’est plus adapté au stade de développement scientifique et technologique que nous avons atteint. Nous [link widoczny dla zalogowanych] avons besoin [link widoczny dla zalogowanych] d’un nouveau type d’entreprise qui permette, sur les questions de la s?reté, mais pas seulement, d’accro?tre le pouvoir des salariés. En quelque sorte, un rééquilibrage entre les pouvoirs du capital et ceux du travail. La gestion du [link widoczny dla zalogowanych] risque ne peut pas reposer que sur les ingénieurs, nous avons besoin du savoir-faire de tous les salariés. Nous avons aussi [link widoczny dla zalogowanych] besoin d’entreprises qui augmentent considérablement leurs efforts en direction de la recherche. Que les opérateurs privés du nucléaire ne contribuent pas à la recherche fondamentale, entre autres en matière de physique du globe, n’est plus acceptable. Nous sommes face à un [link widoczny dla zalogowanych] changement de civilisation qui implique un changement qualitatif de la gestion des connaissances. Il faut parvenir à une appropriation sociale des industries à risque et à un véritable contr?le démocratique.
Faut-il sortir du nucléaire ?
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Le porte-parole des Nations unies pour le Moyen-Orient évoque le r?le de l'ONU et l'imbroglio juridique à surmonter pour gérer l'Irak de l'après-guerre. Interview.

Amman (Jordanie),
envoyé spécial.
Porte-parole des Nations unies pour le Moyen-Orient, Nejib Friji devrait rejoindre Bagdad dans les tout prochains jours. Nous l'avons rencontré dans la capitale jordanienne, où il a bien voulu répondre aux questions de l'Humanité.

Comment jugez-vous la mise à l'écart de l'ONU de la part des Etats-Unis, qui sont intervenus militairement en Irak ?
Nejib Friji. L'ONU n'a pas été écartée. Elle a évité d'être entra?née par les forces de coalition dans une guerre qui n'a pas eu l'aval du Conseil de sécurité. Il y a eu un échec de la communauté internationale, qui n'a pas su éviter ce conflit. Au niveau du droit international, il n'y a aucune légitimité à cette guerre. Le secrétaire général l'a dit très clairement devant la plus haute instance juridique au monde, à savoir la Cour de justice internationale, lorsqu'il a déclaré en substance qu'il y a eu un désaccord au Conseil de sécurité, que certains de ses membres ont déclenché la [link widoczny dla zalogowanych] guerre et tout appui moral et politique dans la phase d'après-guerre relève de l'interrogation.

Comment considérer les forces militaires actuellement en Irak ?
Nejib Friji. Ce sont des forces d'occupation. Le secrétaire général l'a souligné au sommet d'Athènes, la semaine dernière, quand il a rappelé la responsabilité de la coalition - en les nommant force d'occupation - à protéger les civils et à subvenir aux besoins humanitaires.

Quel est le r?le de l'ONU maintenant par rapport à l'Irak ?
Nejib Friji. Le r?le des Nations unies ne pourra être défini et déterminé qu'au sein du Conseil de sécurité. Le souci primordial du secrétaire général est d'ouvrer à restaurer l'unité au sein du Conseil de sécurité. Aucune légitimité ne sera donnée à une administration militaire ou civile dans un Irak occupé, elle n'aura aucun droit de souveraineté et ne pourra donc représenter l'Irak sur le plan international. Kofi Annan l'a dit, toute décision concernant l'avenir de l'Irak doit être fondée sur le respect de la souveraineté, de [link widoczny dla zalogowanych] l'indépendance et de l'intégrité territoriale de l'Irak, le respect du droit du peuple irakien à déterminer librement son propre avenir politique, et le respect total du principe du contr?le du peuple irakien sur ses ressources naturelles. C'est un cadre assez ferme qui dépend [link widoczny dla zalogowanych] du Conseil [link widoczny dla zalogowanych] de sécurité.

Existe-t-il des premiers bilans concernant les effets de cette guerre, en particuliers sur les populations civiles ?
Nejib Friji. Cette guerre a été jugée par le secrétaire général comme une catastrophe humaine, vu le genre d'armement utilisé et ses effets destructeurs sur le peuple et sur l'Irak, sur l'infrastructure, sur l'environnement ainsi que sur le patrimoine culturel international avec le pillage des musées.

Qu'est-ce que les différentes agences de l'ONU comptent faire dans les semaines à venir ?
Nejib Friji. Les agences spécialisées de l'ONU ont pris les mesures nécessaires dans toutes les phases de cette guerre. Avant, il y avait un plan d'urgence qui s'élevait à presque 150 millions de dollars pour faire face à un exode massif vers les pays limitrophes de l'Irak. Heureusement, cela ne s'est pas produit. Nous [link widoczny dla zalogowanych] attendons maintenant que les conditions de sécurité soient réunies pour que nos 600 fonctionnaires internationaux puissent se rendre sur place. Ils sont chargés de la distribution des achats irakiens dans le cadre de la résolution " Pétrole contre nourriture " et de la reprise de nos programmes de développement économique et social qui font l'objet d'un partenariat depuis des décennies. L'ONU refuse de travailler dans le sillage des forces d'occupation. L'intervention humanitaire de l'ONU doit être impartiale et indépendante. On ne peut fournir une aide humanitaire qui pourrait cautionner un fait accompli.

Comment résoudre ce problème ?
Nejib Friji. Il y a deux principes. Il incombe aux forces d'occupation d'assumer leurs responsabilités selon les conventions de Genève et le traité de La Haye, à savoir subvenir aux besoins des populations civiles, garantir leur protection et leur bien-être et, dans le même temps, assurer aux agences des Nations unies la possibilité de venir en aide [link widoczny dla zalogowanych] au peuple irakien.

Les ?tats-Unis affirment qu'ils ont mobilisé 5 000 marines et qu'ils comptent embaucher une dizaine d'anciens inspecteurs de l'ONU pour enquêter sur les armes de destruction massive. Hans Blix dit qu'il souhaite [link widoczny dla zalogowanych] que l'ONU poursuive ce [link widoczny dla zalogowanych] travail. Qu'en est-il exactement ?
Nejib Friji. Il n'y a pas une seule partie autre que les inspecteurs de l'ONU qui [link widoczny dla zalogowanych] ait été chargée et désignée par le Conseil de sécurité pour décider ou certifier l'aboutissement du [link widoczny dla zalogowanych] processus d'inspection. D'abord, il n'y a pas eu trace de ces armes de destruction massive. Les forces de la coalition, jusqu'à maintenant, n'ont pas confirmé [link widoczny dla zalogowanych] leur existence. La seule partie [link widoczny dla zalogowanych] mandatée pour confirmer ou infirmer la présence de ces armes sont les inspecteurs de l'ONU. Ils ont dit leur volonté de retourner en Irak pour finaliser ce processus. Même les décisions de lever les sanctions contre l'Irak ou de modifier le programme " Pétrole contre nourriture " incombent uniquement au Conseil de sécurité.
Entretien réalisé par Pierre Barbancey

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